La mobilité du « care » peut présenter de nombreux bénéfices lorsque ces déplacements sont effectués à vélo. En plus de ceux sur la santé et pour l’environnement, les aidant·es ont la possibilité de parcourir de plus longues distances, d’avoir accès à un transport à faible coût et qui favorise des moments de rapprochement avec la personne accompagnée. Une mobilité du soin à vélo est aussi une mobilité fiable, flexible et prévisible.

La mobilité du « care », qu’est-ce que c’est ?

A vélo dans un parcLa mobilité du « care » ou du soin est un concept qui a été défini par Ines Sanchez de Madariaga en 2009.

Il fait référence à l’ensemble des trajets de soin nécessaires au bon fonctionnement du ménage : pour l’accompagnement d’autres personnes (enfants, personnes âgées, etc.), les courses, les démarches administratives, les visites afin de s’occuper de personnes malades ou âgées, etc.

Ces déplacements des aidant·es sont largement sous-représentés dans les données collectées, ne sont pas bien décrits dans les études portant sur la mobilité et sont encore moins pris en compte dans les politiques de mobilité. Or la mobilité du soin représente près de 30 % du total des déplacements effectués.

Il ressort également que ces questions de mobilité du soin sont étroitement liées aux problématiques de genre. En effet, la mobilité du soin est encore principalement assumée par les femmes en tant que groupe social (et plus particulièrement les mères) qui prennent en charge 75 % du travail de soin non rémunéré au sein des ménages, le partage genré inégal de ces trajets du soin est bien documenté surtout dans les ménages avec enfants. Les femmes s’occupent aussi plus souvent d’accompagner les personnes en situation de handicap et les personnes âgées (de leur famille ou non).

Déplacements mobilité du careCes déplacements qui caractérisent une mobilité du soin contrastent avec ceux de l’usager type, qui serait un « homme valide » se déplaçant de manière linéaire pour le travail ou les loisirs.

La mobilité du soin induit un rapport spécifique à l’espace public : les femmes en charge de cette mobilité du soin ont une mobilité complexe qui se caractérise par des chaînes de déplacements avec des arrêts multiples, reliant des destinations en lien les unes avec les autres.

Quid de la mobilité du soin à vélo ?

La mobilité du « care » peut présenter de nombreux bénéfices lorsque ces déplacements sont effectués à vélo. En plus des bénéfices indéniables sur la santé et pour l’environnement, les aidant·es ont la possibilité de parcourir de plus longues distances, d’avoir accès à un transport à faible coût et qui favorise des moments de rapprochement avec la personne accompagnée. Une mobilité du soin à vélo est aussi une mobilité fiable, flexible et prévisible.

Les déplacements du soin sont donc encore majoritairement effectués par les femmes et même si l’écart se réduit de plus en plus, les femmes sont moins nombreuses à faire du vélo, notamment à Bruxelles. Dès lors, intégrer la dimension de genre dans les enjeux liés à la mobilité du soin à vélo parait indispensable.

Les femmes privilégient des itinéraires différents de ceux empruntés par les hommes, préférant des axes où elles se sentent visibles et où elles peuvent évoluer sans entraves. Les femmes développent également une pratique généralement plus prudente (due à la socialisation genrée au vélo dès l’enfance et l’adolescence) et sont plus enclines à utiliser des infrastructures sécurisées pour éviter le risque lié au trafic motorisé. Et ce souci de sécurité est accru lorsque les femmes accompagnent des enfants. Ainsi, il y a bien une corrélation entre infrastructures sécurisées et part des femmes parmi les cyclistes : l’infrastructure urbaine et les identités sociales façonnent les choix (parfois forcés) dans la mobilité de chacun·e.

En définitive, faire des déplacements de soin à vélo le centre de nos politiques d’aménagement peut nous amener à revoir la structure même de la ville et de nos quartiers et doit nous inciter à réfléchir à de nouveaux outils et de nouvelles normes. C’est en prenant en compte les déplacements du soin des femmes et des aidant·es que nous pourrons mettre en lumière ce type de déplacement invisibilisé qui revêt pourtant une grande valeur pour notre société.

Renaud Staner

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