La SNCB travaille depuis quelques années sur une stratégie train/vélo. Celle-ci est désormais inscrite dans son nouveau Contrat de service public 2023-2032, qui prévoit plus de stationnement vélo en gare et plus de capacité vélo dans les trains. Les tarifs et l'accessibilité devraient être améliorés aussi. Des initiatives à surveiller, mais plutôt encourageantes.

En résumé, le nouveau Contrat de service public SNCB 2032 (CSP) met en avant ces points forts :

  • davantage de parkings vélo, notamment sécurisés
  • davantage de place pour les vélos dans les trains
  • des prix revus à la baisse (en heures creuses)
  • une meilleure information pour le voyageur + une signalétique claire
  • une meilleur accessibilité des quais et des trains

Embarquer son vélo plus facilement

Il y a quelques années encore, la SNCB accordait peu d'attention à la place vélo dans les trains. Le "vieux matériel roulant" était souvent invoqué pour ne pas offrir un meilleur service. Or les ventes de billets vélo (4 €) ont quadruplé au cours des 10 dernières années, pour atteindre 424.000 trajets train/vélo en 2022.

A court terme, la SNCB a déjà augmenté le nombre de places vélos vers la côte belge et les Ardennes. Depuis l'été 2021 en effet, les IC Eupen-Ostende et Bruxelles-Luxembourg offrent huit places vélos supplémentaires, via la suppression de quelques sièges. Ceci est appelé à se répéter à l'avenir, comme spécifié dans le CSP :

La SNCB peut augmenter de manière ponctuelle le nombre de places pour les vélos selon les destinations, les moyens de production disponibles ou les périodes de l’année.

Vélo dans train

Pour faire mieux à moyen terme, la SNCB compte sur la mise en service des nouvelles voitures double étage M7, grâce auxquelles le nombre total de places pour vélos dans sa flotte devrait passer à 6.700 d'ici 2032 (contre 5.100 aujourd'hui). Plus de la moitié des places seront donc accessibles sans intervention de l’accompagnateur et avec une faible hauteur d’embarquement.

Pour ancrer définitivement cette bonne volonté, la loi impose depuis juin 2023 à la SNCB que tout nouveau matériel roulant commandé prévoie au moins 8 places vélos. Une obligation qui va au-delà du nouveau Règlement européen voté en 2021 (4 places seulement). Tout train rénové devra, lui, prévoir 4 places minimum.

En 2021, la SNCB s'est classée dans le peloton de tête des compagnies ferroviaires européennes pour le transport des vélos dans le rapport de l'ECF "Cyclist Love Trains". Une seule compagnie européenne seulement y a décroché la mention Excellent dans ce classement. Le potentiel d'amélioration reste donc important pour la SNCB et ses consœurs étrangères.

Prix et prévisibilité du transport d'un vélo

Pour aider les voyageurs à connaître à l'avance les facilités d'embarquement d'un vélo dans un train, la SNCB a lancé en 2022 une application web dédiée (qui sera à terme intégrée au planificateur de voyage existant). Un progrès réel pour planifier son trajet, même si c'est seulement dans une fenêtre de 48h.

Il manque aussi une dernière info utile : la position des emplacements pour vélos dans le train concerné. La SNCB y travaille. En attendant la composition du train est affichée dans la planificateur de voyage standard. Et le sera bientôt sur les écrans sur les quais (un test est en cours à Jette et Meiser).

Une signalétique claire sur les voitures où se trouvent les emplacements vélo a commencé à se mettre en place, même si tout n'est pas terminé à ce niveau-là. Au niveau du coût, un tarif vélo proportionnel à la distance serait une bonne chose. Celui-ci ne semble hélas pas prévu dans le contrat de gestion, qui évoque de son côté un "tarif différencié heures de pointe/heures creuses, y compris pour le vélo".

Accessibilité des quais et des trains

Le souci récurrent du manque d'accessibilité des quais est reconnu par le nouveau contrat de gestion. Son ambition est de rendre "176 gares accessibles de manière autonome aux personnes à mobilité réduite ou handicapées d'ici 2032", donc accessibles plus facilement également avec un vélo. Ces 176 gares accueillent 76% des voyageurs. C'est une bonne nouvelle donc, mais les travaux pour y arriver s'annoncent colossaux...

Complémentairement, il est aussi prévu ceci dans le CSP :

Intégration dans les projets de rénovation et de construction de gares, des aménagements nécessaires qui facilitent l’accès aux trains pour les voyageurs disposant d’un vélo. A cette fin, la SNCB prévoit, conformément au Plan Pluriannuel d’Investissement 2023-2032 (PPI), notamment une rampe d’accès ou équipe les escaliers donnant accès aux quais d’un dispositif pour vélos, complémentairement à la présence éventuelle d’un ascenseur (nouvelle longueur standard minimale de 2,1m)

En ce qui concerne le matériel roulant, les nouvelles voitures commandées par la SNCB (Désiro et M7 double étage) permettent toutes de rentrer directement avec son vélo dans le train, sans intervention de l'accompagnateur. Toutefois l'héritage du passé reste lourd : voitures M6 double étage avec clé spéciale, et vieux matériel roulant encore plus inadapté. On s'en remet donc à cette volonté du CSP pour une amélioration :

La flotte actuelle a une moyenne d’âge de 25 ans, avec certains trains datant de 1966, ce qui engendre un manque de fiabilité d’un matériel qui ne répond pas non plus aux attentes légitimes des voyageurs en termes de confort, d’accessibilité et de fonctionnalité. Au cours des 10 prochaines années, 50% des trains seront renouvelés, ce qui améliorera les choses.

Stationner son vélo (sans se le faire voler)

L'intermodalité train/vélo reste pénalisée par le risque de vol, réellement dissuasif quand il s'agit de laisser un vélo de valeur à un arrêt de train. Il est donc essentiel que la SNCB sécurise ses parkings pour attirer plus de monde.

Selon le CSP, le nombre total de places vélos disponibles augmentera au cours des prochaines années comme suit :

A l’horizon 2032, la SNCB ambitionne :

  • D’offrir un minimum de 6 emplacements couverts permettant d’attacher le cadre du vélo dans chaque gare du pays d’ici à 2024, à savoir au minimum un module par gare.
  • De porter le nombre de places vélos à au moins 164.000 unités d’ici à 2032 (+40%).
  • D’augmenter à 100 le nombre de gares disposant d’un parking vélo équipé d’un contrôle d’accès (caméras et identification) en fonction des besoins (existants et futurs) et en ajustant éventuellement la capacité du parking en fonction de son utilisation.
  • Dans les parkings vélo équipés d’un contrôle d’accès, des emplacements pour les vélos hors format sont également prévus.
  • Pour les parkings vélo de grande capacité, installation d'un système de détection afin de contrôler et réduire la présence de "vélos-ventouses".

Quelles gares seront équipées en priorité ? Quel(s) système(s) de contrôle d'accès ? Qu'en est-il d'un test dans les plus grandes gares de formules "stationnement sécurisé 24h gratuites" comme aux Pays-Bas ? La réponse à ces questions devrait arriver dans le courant de l'année 2023 et permettre de voir si la volonté du contrat de gestion est bien enclenchée. Et partout (pas que dans le nord du pays).

Pour ses gares et points d'arrêt, la SNCB impliquera aussi les communes et régions :

Une concertation avec les autorités locales est organisée afin de tenir compte des besoins locaux et de favoriser la mutualisation des parkings en collaboration avec les villes et communes en tant que véritable outil du plan de mobilité local. Cette concertation inclut également les possibilités d’un financement (régional et communal) des dépenses d’exploitation et d’investissement, en cas d’extensions complémentaires de capacité.

Plus de partage de vélos ?

Pour le "last mile" ou le tourisme à vélo, la SNCB mise sur davantage de vélos partagés en gare d'arrivée. Toutefois, son ex-filiale Blue Bike, dont l'actionnaire principal est aujourd'hui De Lijn (le TEC y a aussi une petite part) ne propose que 3 points de location en Wallonie (Mons, Namur, Liège), contre presque 90 en Flandre. On n'y est donc clairement pas encore pour l'ensemble du pays, même si le désintérêt des communes wallonnes en est en grande partie responsable aussi.

Des partenariats avec le privé sont envisagés, comme les points vélos. Mais cela reste moins flexible, et plus coûteux qu'un vélo partagé à 3 € la journée :

En cours d’exécution du contrat, la SNCB prévoit :

  • L’augmentation significative de l’offre de vélos partagés et des voitures partagées dans les parkings des gares et de sa promotion.
  • La mise en place de partenariats avec les autorités, sociétés régionales et partenaires privés afin de permettre l’émergence de nouvelles offres de vélos et voitures partagées.

En ce qui concerne les points vélos, au nombre de 36 actuellement, "la SNCB s’engage à augmenter le nombre de points-vélos dans les gares sous la forme d’un contrat de concession. L’ambition est de créer d’ici 2025 huit point-vélos supplémentaires, pour couvrir 44 gares". La SNCB prévoit aussi des "antennes ou petites stations de réparation" dans 32 gares.

Une stratégie durable pour l'avenir ?

La stratégie vélo de la SNCB est globalement positive. Mais la concrétisation de l'accessibilité des quais (escaliers sans goulottes, ascenseurs), des trains (marches et portes), la sécurisation du parking partout (et pas seulement dans les grandes gares), des vélos à disposition à l'arrivée, sont des gros challenges dont on n'est pas sûr qu'ils pourront être tous tenus dans le cadre des budgets prévus sur la période 2023-2032.

Un point positif apprécié, la SNCB annonce qu'elle "continuera à adapter sa stratégie vélo dans les années à venir pour répondre aux attentes de ses clients, en concertation avec les associations cyclistes". On s'en réjouit, bien sûr. Le GRACQ continuera donc ses interpellations en ce sens pour une meilleure intermodalité train/vélo, la combinaison gagnante du XXIe siècle !

Luc Goffinet

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