La cyclo-logistique urbaine a le vent en poupe… mais se heurte parfois au code de la route. En 2019, la start-up bruxelloise Urbike a profité d'une dérogation régionale, qui lui permet d'utiliser ses remorques de 1,13 m de large dans le cadre d'un projet-pilote. Cette exception, soutenue par le GRACQ, s'étend depuis juillet 2020 à l'échelle nationale grâce à un arrêté royal signé par le ministre de la Mobilité.
Avec BCklet, Urbike s'est lancée le défi de tester un modèle de distribution à vélo par conteneurisation des marchandises, embarquant dans sa démarche une série d'entreprises partenaires (BPost, Multipharma, Delhaize, CSD, Décathlon).
La coopérative s'est rapidement retrouvée confrontée à un souci de taille : la largeur de ses conteneurs. Alors que le code de la route belge limite la largeur d'une remorque vélo à 1 mètre (art. 82.4.2), le modèle BicyLift utilisé par Urbike mesure…1,13 m !
Une remorque vélo pour europalettes
BicyLift est adapté au transport de palettes "EUR" (standard européen - 120x80 cm), ce qui lui confère de sérieux avantages au niveau logistique. "Il nous semblait plus simple de faire modifier le code de la route belge plutôt que la norme européenne des palettes", explique non sans humour l'un des fondateurs d'Urbike.
En mai 2019, la région bruxelloise décide d'autoriser l'usage de remorques vélo jusque 1,2 m de large, mais exclusivement dans le cadre de projets-pilotes de transport de marchandises à vélo, et pour une durée limitée. Une décision annulée par le Conseil d'État en janvier 2021 (les prescriptions techniques des véhicules et de leurs remorques sont une compétence du fédéral, et non des régions). Fort heureusement, cette annulation est restée sans conséquence, le gouvernement fédéral ayant entretemps adopté une décision identique au travers d'un arrêté royal entré en vigueur le 31 juillet 2020. Cet arrêté a également permis d'étendre les projets de logistique urbaine à vélo en Wallonie et en Flandre.
Un signal positif... mais prudent
Alors qu'un quart des livraisons urbaines pourraient être réalisées à vélo d'ici 2030, elles représentent actuellement moins de 1%. Le GRACQ se réjouit donc du signal très positif envoyé par le gouvernement vis-à-vis du secteur de la cyclo-logistique… mais également de la prudence de limiter cette dérogation à des projets-pilotes.
Autoriser des engins jusque 1,2m de large à circuler sur des infrastructures cyclables a priori conçues pour des engins ne dépassant pas le mètre – et déjà bien souvent trop étroites – n'est pas anodin. Certaines craintes ont été soulevées, à juste titre, concernant la sécurité des piétons et des cyclistes. Cette mesure est donc envisagée comme un test : il sera indispensable d'en évaluer l'impact, avant d'envisager toute modification plus permanente du code.