Cinq jours, trois morts et trois familles endeuillées. C'est assez. Continuerons-nous longtemps à considérer les accidents de la route comme le résultat d'une fatalité sur laquelle personne n'a de prise ? La sécurité de tout le monde devrait être garantie sur la route. Pour y parvenir, il faut sortir de la culture de la voiture. Et il faut commencer maintenant.

Jeudi 16 juin, Ljubljana. Le colloque international Velo-city, qui rassemble chaque année plusieurs milliers de participants, bat son plein dans la capitale slovène. On y parle d'infrastructures pour le vélo, bien sûr, mais aussi de culture du vélo. Les pays qui l'ont adoptée partagent leur expérience avec enthousiasme. Nous, nous prenons des notes, plus motivés que jamais à participer à la transformation de notre mobilité collective.

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Pendant ce temps, en Wallonie…

Dimanche 12 juin, Bioul (Namur). Un homme de 59 ans, Jacques, est percuté par un automobiliste alors qu’il circulait à vélo et indiquait sa volonté de tourner vers la gauche. Vitesse excessive de la voiture selon le chef de corps de la Police locale. Le cycliste décède sur le coup.

Mercredi 15 juin, Esneux (Liège). Une femme de 38 ans, Séverine, maman de 2 enfants, est percutée par un automobiliste sur un passage pour piétons. Elle décède le jour même. 

Jeudi 16 juin, Suarlée (Namur). Une femme de 41 ans, Sarah, est renversée par une jeune automobiliste alors qu’elle est de sortie à vélo avec une amie. Directrice d’école, mère de 3 enfants… Elle décède sur le coup. Les circonstances ne sont pas encore bien établies, mais c’est le choc. 

Un sentiment d’injustice, d’indignation et de ras-le-bol nous empare…

La Wallonie fait piètre figure en matière de sécurité routière si on la compare notamment aux régions qui l’entourent. Le premier semestre de cette année 2022 est catastrophique, les chiffres repartent à la hausse[1]. Vitesse excessive, smartphone au volant, dépassement dangereux, alcool, inattention… Des raisons trop nombreuses, des situations trop fréquentes, qui mènent à l’inacceptable. Chaque décès sur la route est un décès de trop. 

Aujourd’hui, c’est la culture de la voiture en Wallonie, dominante sur nos routes, dans nos habitudes, dans nos décisions que nous pointons du doigt. Comment arrive-t-on à accepter qu’une sortie à pied ou à vélo dans nos villes et campagnes puisse se terminer aussi abruptement, qu’un membre de notre famille puisse tout simplement ne pas rentrer à la maison ? Invoquer un malheureux accident à chaque item n’est-il pas révoltant ? Ne peut-on vraiment rien faire pour éviter de tels drames ?

Bien sûr qu’un changement est possible. Lors du colloque Velo-city, ce sont des dizaines d’exemples concrets d’améliorations et de mesures en faveur d’une mobilité plus durable qui sont exposés chaque jour. Décideurs, gestionnaires, académiques, consultants, militants… tous prônent les multiples avantages du vélo et l’urgente nécessité de rendre sa pratique accessible et sûre pour toutes et tous. Sans oublier la volonté d’agir sur l’omniprésence de la voiture sur nos rues, dans les médias, dans nos vies. Un changement de paradigme.

La Wallonie doit s’impliquer, à tous les niveaux, dès maintenant. Si les discours évoluent, ce sont des actes forts qui sont attendus sur le terrain. C’est urgent. Maintenant. Nous ne voulons plus d’un dimanche 12 juin, d’un mercredi 15 juin ou d’un jeudi 16 juin 2022. Plus jamais.

Aurélie Willems

 

[1] https://www.vias.be/fr/recherche/barometre-de-la-securite-routiere/

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