L'association cycliste "Paris en Selle" vient de publier un guide original pour de meilleurs aménagements cyclables. Librement inspiré du manuel néerlandais officiel, et de bons exemples étrangers, il propose une nouvelle vision pour les infrastructures cyclables, libérée des routines administratives et des conceptions traditionnelles en vigueur chez nous.

Si les Pays-Bas sont une référence en matière d'aménagements cyclables, rares sont ceux qui se sont plongés un jour dans le manuel officiel du CROW pour en comprendre les principes. On saluera donc cette initiative française de vulgariser ces concepts clairs, mais peu connus, pour aménager efficacement nos voiries pour le vélo.

Schéma PCS aux Pays-Bas

Parmi les idées phares du guide, on retiendra qu'un réseau cyclable efficace imbrique deux types de réseaux qui se complètent :

  1. Un maillage de rues apaisées à très faible trafic motorisé, où les voitures sont si peu nombreuses que les vélos circulent en toute tranquillité. Il ne s’agit pas d’un partage de la chaussée, mais d’une démotorisation de la rue qui permet aux vélos de circuler sans avoir à négocier avec plus fort qu’eux. Ces rues représentent environ 80 % de la ville.
  2. Un maillage de pistes cyclables, notamment sur les axes de transit motorisé, avec des sites propres en section courante et des intersections sécurisées. Ces infrastructures couvrent les 20 % restants. Il ne s’agit donc en aucune façon de mettre des pistes cyclables dans toutes les rues de la ville.

On acquiesce aussi à l'idée que la mise en zone 30 de nos quartiers est loin de suffire pour sécuriser nos routes : "La notion d’apaisement est souvent associée chez nous à la modération de la vitesse du trafic motorisé (zone 30, zone de rencontre). Pourtant, une rue circulée à moins de 30 km/h mais où les vélos sont victimes de dépassements (rasants) incessants, obligés de rouler avec une ou plusieurs voitures collées au garde-boue ou contraints de se faufiler pour remonter un bouchon, est une rue qui offre une expérience stressante et dissuasive."

Cela nous ramène à la hiérarchisation du réseau automobile. Donc à sa concentration sur certains axes pour concrétiser sa diminution à l'intérieur des quartiers : "Le volume du trafic motorisé doit impérativement être faible pour que les vélos circulent en toute tranquillité sur la chaussée. Le seuil de 2 000 véhicules/jour (et de 200 véhicules à l’heure de pointe ; un véhicule toutes les 18 secondes) est le niveau retenu aux Pays-Bas. Au-delà, le trafic motorisé devient trop stressant pour une majorité et la mixité n’est plus acceptable."

Des aménagements efficaces

Autre enseignement que l'on partage tout à fait, la séparation n'est rien sans l'efficacité : "Un itinéraire avec de grands détours et plus d’attente, souvent inconfortable et sur le trottoir, bien que séparé du trafic, vide la séparation de son utilité car il sacrifie l’efficacité du vélo comme mode de déplacement. Aucun usager, même lent ou débutant, n’a envie de perdre du temps, de multiplier les zigzags et les ressauts ou d’être gêné par des piétons."

Bien sûr le cadre légal et administratif en vigueur chez nous ne permet pas de transposer tels quels tous les schémas néerlandais. Ils sont néanmoins une source d'inspiration pour faire évoluer nos pratiques et nos guides de recommandations.

Au final, on salue cet énorme travail associatif de plus d'un an, mené par des experts de l'urbanisme cyclable, et qui a fait l'objet d'une mise en page professionnelle (144 pages d'explications, schémas et photos). 

Luc Goffinet

En savoir plus

Guide des aménagements cyclables de "Paris en Selle" (Version papier en vente à 20€ - PDF gratuit).

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