La frilosité des élus concernant les politiques de déplacements urbains est souvent expliquée par la peur d’un vote-sanction aux urnes. Or plusieurs enquêtes ont démontré que les décideurs politiques surestiment largement l’attachement des citoyens à l’automobile en milieu urbain. En résumé, les élus adopteraient probablement des mesures plus progressistes en matière de mobilité s’ils évaluaient mieux les attentes de leurs administrés.

À l’approche d’élections, il n’est pas inintéressant de se replonger dans la littérature passée. Et plus particulièrement dans une enquête européenne de 1991, qui a sondé des citoyens et des élus sur “l’accessibilité aux centres-villes”.

Faut-il donner la priorité sur l’automobile grand publicgrand public vu par les élusélus
aux piétons85%43%90%
aux transports publics84%49%85%
aux cyclistes 73%30%69%

Que démontrent ces chiffres ? Qu’il existe un fossé entre l’opinion publique et l’idée que s’en font les décideurs. D’autres enquêtes confirment le phénomène, notamment un sondage réalisé en France en 1996, qui présente entre autres le résultat suivant :

 

grand public

grand public vu par les élus

élus

Faut-il limiter l’usage de la voiture afin d’améliorer la circulation en ville ?

72%

27%

68%

Diverses hypothèses sont formulées pour expliquer ces distorsions : rôle des groupes de pression, traitement des statistiques, ou encore décalage entre opinions et pratiques réelles.

Pas convaincu ? Prenons l’exemple concret de Strasbourg cité par un député français : “À Strasbourg, le matin du 24 février 1992, lors de la mise en place du nouveau plan de déplacement qui supprimait le transit de 50 000 véhicules par jour dans le centre-ville, les élus et techniciens étaient très inquiets : dispersés dans le centre dans des points d’accueil du public, ils s’attendaient au pire. Le soir, ils étaient radieux après avoir entendu toute la journée les réactions souvent très favorables des habitants.

Que nos élus en prennent bonne note !

Florine Cuignet

SOURCE : F.HERAN, “Déplacement urbains: pourquoi les maires se trompent sur l’opinion de leurs administrés”, Transports Urbains, 2000.

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