Les ministres de la Mobilité, de la Justice et de l'Intérieur sortent ensemble un plan d'action fédéral en 32 mesures pour une meilleure sécurité sur la route. Si les usagers vulnérables sont mieux pris en compte que dans les plans précédents, il reste toutefois un tabou qui n'y est pas abordé : la pression et la puissance automobile.

Un bon point tout d'abord : ce plan d'action a été précédé d'une consultation publique, via le site all-for-zero.be (5.500 réponses au sondage) et d'ateliers citoyens à Namur, Liège, Bruxelles, Gand et Anvers. Ceci a permis de faire remonter des idées et des préoccupations "de la base". Et une des premières mesures préconisées par le plan, que nous saluons vivement, sera d'actualiser le code de la route selon ces principes :

Actualiser et clarifier le code de la route, pour l’ancrer dans la réalité d’aujourd’hui et le rendre plus lisible pour tous les citoyens. Promouvoir les modes de déplacement en tenant compte de leur caractère durable, sur 1, 2, 3 ou 4 roues. Faire en sorte que le code de la route contribue encore davantage à la sécurité des usagers actifs et vulnérables.

2021 Plan Fédéral Sécurité RoutièreOn espère donc vivement que les demandes du GRACQ en la matière seront intégrées à cette nouvelle mouture du code ! Comme on nage aussi souvent dans le brouillard, le plan fédéral propose de mieux collecter les données des accidents impliquant les usagers actifs. Une très bonne chose. Le principe de sanctions adaptées à la hauteur du danger généré fait aussi son chemin dans les mentalités. Des amendes progressives verront-elles peut être bientôt le jour en Belgique ?

En ce qui concerne les véhicules plus lourds

Du côté des sanctions, le plan prévoit que "au niveau des contrôles effectués par les services de police, une attention particulière sera portée aux infractions qui mettent en danger les usagers actifs et vulnérables (stationnement sauvage, distances de dépassement, excès de vitesse en agglomération...)". Des contrôles plus fréquents pour la vitesse, l'alcool et la distraction au volant (GSM) seront organisés. Concrètement aussi, un seuil de tolérance plus bas pour le retrait de permis (0,8 pour mille), et des systèmes automatisés de détection de GSM au volant seront testés dans les années à venir. On s'en réjouit.

Un nouveau parquet national des infractions routières devrait lui faciliter l'application des sanctions en matière de roulage. Des sanctions qui devraient être progressives, selon le degré de récidive, avec une perception plus efficace (suspension de permis quand on ne paie pas !). L'impunité devrait donc reculer, à terme. Par contre, en ce qui concerne le permis à point, il reste au placard "en attendant une étude de VIAS sur le système chez nos voisins". 

Du côté de la puissance, la masse et le nombre de véhicules, tous croissants sur nos routes et qui posent un vrai problème en matière de sécurité routière, le plan est tout aussi lacunaire. Il reconnait tout juste que "l’inflation constante du poids des véhicules est une évolution préoccupante non seulement pour l’environnement mais aussi pour la sécurité routière". Mais ne propose... qu'une sensibilisation sur le sujet, sans aucune mesure concrète pour diminuer cette masse croissante des véhicules motorisés. Rien non plus sur la limitation de la puissance des moteurs, ni sur les limitateurs automatiques de vitesse (renvoyés dans un plan interfédéral à rédiger avec les régions). Et encore moins sur la fiscalité qui pousse, via le système de voitures salaires, à rouler davantage et dans des véhicules généralement plus puissants.

Il est pourtant clair, quand on regarde le tableau des accidents mortels en Europe, que le gros des victimes de la route ont succombé dans un accident avec un véhicule lourd :

Victimes par types de collision (Europe, 2020)

On ne peut donc pas dire simplement que "en 2020, la route a tué 500 personnes", car tous les véhicules ne représentent pas le même danger. On peut et on doit en faire davantage pour certains. Ce plan ne va hélas pas jusque là...

Luc Goffinet

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