L'identification d'un vélo est une pièce de base dans la lutte contre son vol. Le développement d'un registre national des vélos, qui permettra aussi de savoir si un vélo est volé ou non, a été approuvé formellement par tous les parlements du pays. Pour être pleinement efficace, ce système devrait toutefois être complété par un accès complet au registre par la police (à créer d'urgence) et, bien sûr aussi, du stationnement sécurisé.

En 2022, 30.691 vols de vélo ont été signalés à la police. Toutefois, seule une partie de ceux-ci sont officiellement déclarés. On estime que ce sont presque 100.000 vélos qui "disparaissent" en réalité chaque année en Belgique. Ce n'est donc pas un phénomène marginal.

Pour ceux qui utilisent le vélo comme moyen de transport, un vol signifie aussi l'impossibilité de se déplacer. Des enquêtes ont par ailleurs montré qu'un quart des personnes dont le vélo a été volé n'en rachètent pas. Par simple peur du vol, d'autres renoncent à l'utiliser à certains endroits "risqués" (qui ne disposent par exemple pas d'un stationnement sécurisé). Pour le GRACQ et le Fietsersbond, la lutte contre le vol de vélos est donc une priorité absolue.

Un nouvel outil dans la panoplie contre le vol

MyBikeBrussels (vignette)

L'ancien système d'identification des vélos consistait à faire graver son numéro de registre national sur le cadre. Un numéro que personne, hormis la police, ne pouvait relier au propriétaire.

S'il était utile pour récupérer un vélo que la police retrouvait, il ne permettait pas de savoir si le vélo était volé. De plus, en cas de revente du vélo, on ne pouvait pas le modifier.

Le nouvel identifiant national proposé, un numéro unique associé au vélo et à son propriétaire, va améliorer les choses. Ce numéro permettra à chacun de vérifier le statut d'un vélo (volé ou non) sur un site en ligne, notamment en cas d'achat d'un vélo de seconde main.

De son côté la police devrait pouvoir contrôler efficacement à qui appartient un vélo dès qu'elle aura demandé officiellement un accès au registre complet, et intégré ces données dans son informatique. Une demande pressante en ce sens est faite à la Ministre de l'Intérieur

Comment cela va-t-il fonctionner ?

Le registre national étend et améliore le système mis en place par Bruxelles, qui fonctionne déjà pour les résidents de la capitale. A Bruxelles actuellement 46.638 stickers ont été diffusés, 2.586 vélos ont été déclarés volés dans MyBike et 306 vélos retrouvés ont pu être restitués à leurs propriétaires légitimes (grâce au sticker !).

Très bientôt en Wallonie et en Flandre on pourra aussi enregistrer son vélo, avec toutes ses caractéristiques, via une plateforme régionale. Après inscription, vous recevrez gratuitement un autocollant avec un numéro unique, à coller sur le cadre du vélo. Une colle spéciale devrait compliquer la tâche des voleurs qui souhaiteraient le faire disparaître.

Il sera aussi possible de se fournir en autocollants directement auprès de sa commune et de les enregistrer ensuite en ligne (on gagne l'étape d'expédition des autocollants par la poste).

Si votre vélo vous est volé, vous pourrez signaler sa disparition en ligne. Dès que le statut du vélo passera à "volé" dans la base de données fédérale, toute personne qui scannera le QR code de l'autocollant sur le vélo verra s'afficher sur son smartphone "ce vélo est volé". Une possibilité sera même donnée à la personne de transmettre sa localisation.

Dès que les forces de police bénéficieront d'un accès complet au registre national des vélos, elles pourront identifier leurs propriétaires grâce au numéro unique figurant sur l'autocollant. Elles pourront ainsi contrôler des vélos abandonnés. Et, surtout, elles pourront prendre en flagrant délit quelqu'un tentant de voler, ou circulant sur un vélo qui n'est pas le sien.

En cas de revente de votre vélo, vous pourrez transférer le numéro national de votre vélo au nouvel acquéreur, via le registre en ligne.

Pour quand ce nouveau système ?

Maintenant qu'il existe un accord politique entre les différentes régions et services publics concernés, nous attendons que la Flandre et la Wallonie déploient rapidement leur portail d'enregistrement des vélos pour leur public, à l'instar de celui déjà en place à Bruxelles. Ceux-ci sont annoncés pour fin avril 2024.

Contrairement à la France, qui impose depuis 2021 l'identification des vélos neufs ou d'occasion vendus par un commerçant, l'enregistrement en Belgique se fera uniquement sur base volontaire. Il est donc important qu'un maximum de propriétaires (légitimes) de vélos fassent cette démarche, d'autant plus qu'elle sera entièrement gratuite chez nous. Une obligation pour les vélos neufs serait toutefois souhaitable ici aussi.

Est-ce que cela découragera vraiment les vols ?

Aucun système de vol n'est efficace à 100% contre un voleur bien organisé, mais tout élément qui complique sa tâche, de même que la revente du vélo volé, est utile. D'autres éléments sont nécessaires pour enrayer davantage le phénomène des vols de vélo, comme une police motivée et une justice qui poursuit les personnes qui ont commis ces délits.

Pour y arriver le gouvernement a fait rentrer le vélo dans les priorités du nouveau Plan national de sécurité de la police fédérale, dont s'inspirent beaucoup les polices locales, et a demandé aux parquets de ne plus classer sans suite les délits de vols.

Mais, pour vraiment contrer le vol, tous les pouvoirs publics doivent aussi et surtout développer le stationnement vélo sécurisé dans l'espace et les bâtiments publics. Notamment dans les pôles d'emploi, de logements et aux arrêts des transports en commun.

Le GRACQ salue donc ce premier pas dans la lutte contre le vol de vélos, mais continue à plaider inlassablement pour toutes les autres mesures nécessaires afin de faire du vol massif de vélo un chapitre du passé de la mobilité durable.

Luc Goffinet

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