Plus de 500 villes à traveres le monde ont désormais leur système de vélos partagés, et la plupart rencontrent un vif succès en termes de pénétration du marché et de taux d’utilisation. Mais la majorité de ces systèmes rencontrent des problèmes financiers, au grand dam des autorités locales. Les vélos en libre-service peuvent-ils (ou doivent-ils) être financièrement à l’équilibre ?

Hormis Paris, la plupart des villes initiatrices enregistrent un déficit global, voire même d’exploitation : dans certains cas, le système a fait faillite et a disparu du paysage, à l’instar d’Helsinki en Finlande.

Quel est le secret du succès du Vélib’ à Paris ?

  • L’agence d’affichage de la ville s’est offert les services d’une agence de publicité, afin de construire et gérer le système pour 10 ans, en échange d’un droit exclusif sur 50% des panneaux urbains d’affichage. 
  • La ville a tiré parti d’une image de marque “cool” en vendant divers produits dérivés inspirés par Vélib'. 
  • Le prix des abonnements annuels est demeuré incroyablement bas (29€), ce qui explique en partie l'importante pénétration du marché et des taux d’usage très élevés.

Mais la durabilité du système doit être attribuée à un partenariat public-privé créatif entre la ville et le contractant. La Ville de Paris empoche seulement les droits d’abonnement, ce qui représente peu d’argent au final (mais facilite sans doute la vie de JC Decaux). Au passif, un élément à prendre en compte dans le coût du système Vélib’ est la destruction ou le vol de 80% des vélos originels. La ville a ainsi récemment accepté de payer 4 millions d’euros pour couvrir les coûts annuels de remplacement et de réparation des vélos. 

Vélib' à Paris

Vélib’ est-il pour autant un modèle à suivre ?

  • L’agence contractante est devenue un partenaire de choix qui gère désormais des systèmes de partage de vélos dans 26 villes du monde. Mais elle ne s’engage que lorsque les termes d’un contrat sont en phase avec ses objectifs financiers ; ainsi, les négociations avec la ville d’Helsinki ont tourné court car le nombre d’espaces d’affichage était insuffisant à ses yeux, et la ville s’est ainsi privée de ce service en 2010 lorsque son système de location a fait faillite. 
  • Doit-on aussi accepter, en échange d'un tel système, une ville placardée de larges panneaux d’affichage (faisant parfois la promotion de voitures ou de produits nuisibles à l'environnement) ? 
  • Il existe des alternatives au niveau financement, et qui contribueraient à respecter l’environnement (péages routiers, recettes du parking dans les centres-villes).
  • Résout-on ainsi la fracture sociale (et certainement aussi socio-spatiale) ?

Marcel Pepin

SOURCE : THIS BIG CITY 2014 

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