Une expérience menée en Irlande met en évidence que la communication appuyée sur le casque et la chasuble pourrait renforcer le sentiment de peur associé aux trajets à vélo et diminuer l'acceptabilité sociale de ce mode de transport. Attention donc aux visuels que l'on utilise.

Nadia Williams (Technical University Dublin) travaille sur la communication et les barrières à l'usage du vélo. Parmi elles : la peur et une mauvaise image sociale. En Irlande, le vélo est perçu, comme dans beaucoup d'autres pays, comme un mode de transport risqué et auquel il est peu valorisant d'être associé.

Ici, la chercheuse s'est plus précisément intéressée à l'impact des visuels de communication utilisés dans les médias sur ces barrières (peur et image), via un test ludique et simple.

Jeu de carte (casque et chasuble vélo)

Deux séries de personnes différentes, de tout âge, ont été invitées à classer cinq images de modes de transport par ordre (subjectif) de dangerosité et d'acceptabilité. À une nuance près : la moitié des participants a reçu, dans son lot de 5 cartes, une carte reprenant une cycliste portant casque et veste fluo orange (ligne du haut), tandis que l'autre moitié recevait une photo de la même cycliste, mais sans aucun équipement particulier (bas).

L'attirail du cycliste change bel et bien les perceptions

Verdict de ce petit jeu : si 70% des personnes testées classent le vélo sans casque/chasuble comme le mode de transport le plus dangereux, ce taux grimpe à 78% quand on leur montre l'image d'un·e cycliste portant casque et gilet fluo. Loin de rassurer les gens, la communication visuelle comportant les fameux "équipements de sécurité à vélo", typique des campagnes courantes de promotion du vélo, pourrait avoir l'effet inverse à celui escompté : la peur d'utiliser un vélo en sortirait renforcée.

La tendance est la même pour l'acceptabilité sociale. Si vous deviez montrer une photo de vous à vos amis, laquelle choisiriez-vous en premier ? Réponse des participants : 16% celle à vélo sans équipement. Mais seulement 8% celle à vélo avec casque/chasuble. Enfin, à quelle photo ne voudriez vous surtout pas être associé·e ? Réponse : 36% à celle avec casque et chasuble (contre 24% à celle montrant la cycliste non équipée).

Publicité vélo avec casque

Conclusion

Cette expérience ne remet pas en cause l'intérêt du casque ou d'être visible dans le trafic, ce n'est pas son objet. Mais elle met en évidence les messages subliminaux que véhiculent les campagnes de promotion du vélo qui y associent des équipements de sécurité routière.

Celles-ci distilleraient, à leur insu, des messages négatifs de peur et une mauvaise image sociale du vélo, qui pourraient rendre ces campagnes inefficaces pour gagner de nouveaux cyclistes. Dans le secteur automobile, on semble l'avoir compris depuis longtemps : aucune publicité ne montre d'automobiliste avec une chasuble fluo à côté de sa voiture...

Luc Goffinet

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