Le débat relatif à l’avenir de l’A12, qui s’est déroulé ces derniers jours par médias interposés, illustre un certain manque d’imagination lorsqu’il s’agit de développer un projet urbain durable pour Bruxelles. La transformation de l’A12 est nécessaire, tant pour réduire le flux motorisé dans Bruxelles que pour verduriser ce boulevard urbain. Ce qui fait actuellement défaut, c’est une réelle vision concernant l’affectation de l’espace ainsi récupéré.

Mardi 30 novembre 2021. La ministre bruxelloise de la Mobilité Elke Van den Brandt annonce ce que sera le futur de l’A12. L’actuelle autoroute, qui charrie quotidiennement des milliers de voitures en plein cœur de Schaerbeek, doit faire place à un boulevard urbain comprenant des espaces pour les cyclistes et les piétons. Une vision qui s’inscrit dans la volonté plus large de construire une Bruxelles plus durable.

Projet de transformation de l'A12

Ce projet ne semble pourtant pas faire l’unanimité auprès du gouvernement bruxellois. C’est ainsi que le secrétaire d’État à l’Urbanisme Pasacal Smet a immédiatement déclaré qu’il refuserait le permis. La raison officielle ? L’absence de parking de transit, et la réduction de l’autoroute à une voie de circulation. Mais un parking de transit à cet endroit ne sera pas d’une grande utilité tant qu’on n’aura pas réalisé de ligne de tram, et cette ligne ne pourra pas être installée tant qu'on maintient à l’identique le nombre de voies de circulation. La solution proposée – convertir les milliers d’emplacements de stationnement de la plaine du Heysel en P+R – a donc bel et bien du sens. Il est de plus erroné d’affirmer que le trafic motorisé ne bénéficiera plus que d’une bande de circulation en direction de Bruxelles : les deux voies de l’avenue du Parc Royal ne se trouvent pas affectées par le projet.

Cette organisation du trafic sur trois bandes pour rallier Bruxelles est comparable à ce qui a été mis en œuvre par Pascal Smet sous le précédent gouvernement — alors qu’il était ministre de la Mobilité —, afin d’initier la reconversion de l’E40 en boulevard urbain. Aujourd’hui, c’est dans le cadre de ses fonctions de secrétaired’État à l’Urbanisme qu’il menace de bloquer un projet similaire.

Une vision commune de la ville : un travail d'équipe

Construire une vision commune de la ville nécessite de la part du gouvernement bruxellois un véritable travail d’équipe : le triste spectacle auquel nous assistons aujourd’hui illustre malheureusement combien on en est loin. Le cloisonnement des compétences conduit à une polarisation du débat tout aussi stérile que paralysante. Résultat : alors qu’un ministre prend des mesures afin de développer les espaces verts, encourager les modes actifs et réduire la pression automobile, il se voit freiné par un autre membre du gouvernement.

Ce projet offre pourtant l’opportunité de travailler à un véritable projet urbain pour Bruxelles. Un projet au sein duquel la mobilité automobile s’articulerait avec les autres modes de transports au sein du tissu urbain. Nos excellences bruxelloises devraient se mettre autour de la table et coopérer au développement d’une vision intégrée de la ville, plutôt que de se harceler dans la presse.  

En conciliant mobilité et urbanisme, la transformation de l’autoroute urbaine qu’est l’A12 peut libérer de l’espace qui pourra être réaffecté non seulement à des espaces verts et au développement des modes actifs, mais également bénéficier à d’autres fonctions urbaines. Louvain et Kessel-Lo l’ont bien compris : le réaménagement du quartier de la gare de Louvain et de la Martelarenlaan a fait place à des rues apaisées où les modes actifs prennent leur place, ainsi qu’à deux tours résidentielles et de nombreux espaces verts aux fonctions diverses.

Notre gouvernement doit avancer à pas résolus vers ce qui a été promis dans l’accord de majorité : une Bruxelles plus verte, plus conviviale, avec des espaces de qualité tant pour les Bruxellois que pour les visiteurs. Pour que des projets comme celui de l’A12 aient la capacité de reconnecter les quartiers et leurs habitants.

Signataires : GRACQ, Fietsersbond, BRAL, IEB, Heroes for Zero, Walk Brussels, Critical Mass Brussels, Johanna.be, KleineRing.be, Imagine.brussels 

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