L'extension de la future ligne de métro 3 vers Schaerbeek et Evere fait l'objet d'une nouvelle enquête publique. Force est de constater que les plans ont fort peu évolué depuis ceux d'avril 2022. Le contexte s'est quant à lui dégradé : envol des coûts, difficultés techniques sur le tronçon Albert-Nord, retards qui s'accumulent, impacts sur la population locale...

La complémentarité entre les transports publics et le vélo n’est plus à démontrer et dans ce cadre, le GRACQ soutient une intermodalité efficace et accessible au plus grand nombre – notamment en vue de de limiter la dépendance à la voiture.

La prise en compte du vélo au sein du projet, et plus particulièrement la création de stationnement vélo sécurisé pour les voyageurs et les riverains au sein des stations, a été dès le départ une préoccupation majeure pour notre association. Pourtant, lors de la première enquête publique d'avril 2022, notre association ne peut que déplorer que cette prise en compte relève davantage de l’opportunisme que d’une approche intégrée et volontariste. Ainsi, là où le Masterplan Stationnement Vélo recommande 3180 emplacements vélo sécurisés pour l'ensemble des 7 localisations de stations, le projet en prévoit seulement 865.

Près de deux ans plus tard, force est de constater que les modifications liées au stationnement vélo dans le nouveau projet sont anecdotiques. Et il n'est toujours prévu aucun emplacement sécurisé pour vélo aux stations Liedts et Colignon. Il est difficile d’admettre que le projet ne puisse plus être adapté, avant même le premier coup de pelle, et avant toute délivrance de permis d’urbanisme !

Un contexte qui se dégrade 

Entretemps et contrairement au projet, le contexte a, lui, bien évolué... et pas dans le bon sens ! Notre association s'était alarmée de l’impact du projet sur les finances régionales. Or les coûts du métro 3 se sont depuis envolés (de 2,25 milliards d'euros en 2022 à 4,7 milliards en 2024), sans que le gouvernement n’apporte de réponse quant à la manière de le financer. À cela s'ajoutent les difficultés techniques et les retards qui s’accumulent au niveau des travaux sur le tronçon Albert-Nord, avec ses impacts désastreux pour la population locale : un contexte peu rassurant en ce qui concerne l’extension nord du métro - où les incertitudes sont encore plus fortes.

Notons encore que les réaménagements de surface laissent également place à beaucoup d’incertitude pour le citoyen : alors que Beliris annonce que de nouveaux processus participatifs seront lancés dans le futur pour concevoir le réaménagement définitif des abords de stations, les propositions sur la table semblent déjà valider une série d’options, sans que le citoyen soit clairement informé de ce qui pourra encore être discuté ou de ce qui ne pourra plus l’être à l’issue de cette enquête publique.

Si le GRACQ est favorable au développement d’un réseau de transports publics performant, notre association ne peut en aucun cas soutenir le "métro à tout prix" : au vu du contexte financier et des différents arguments remettant en cause le bien-fondé de ce projet de métro, notre association plaide pour que la région bruxelloise se tourne vers des alternatives plus rationnelles, plus durables, et davantage inclusives. 

Les motivations qui ont guidé notre avis : 

  • À l’instar de nombreux citoyens et associations, qui ont formulé des remarques portant sur des thématiques multiples (patrimoine, environnement, sécurité, mobilité, qualité de vie etc…), notre association estime qu’il n’est pas normal que le projet soit déjà bouclé, et qu’il n’est plus temps de rien changer au projet sur la table, si ce n’est de manière cosmétique.

  • La charge financière d’un tel projet n’est pas supportable par la région et par la population bruxelloise, car il ne pourra se faire indépendamment de coupes budgétaires importantes dans divers pans de la politique régionale. Il est fort à craindre que ce sont les publics déjà fragilisés qui seront les premiers touchés par les mesures d’austérité budgétaire. 

  • Le projet va à l’encontre des engagements climatiques de la région bruxelloise. 

  • Le projet de métro 3 est basé sur une approche non inclusive de la mobilité.

  • Le projet de métro 3 n’apporte aucune réponse "mobilité" de court ou de moyen terme, ce qui rend nécessaire le développement de solutions intermédiaires quoiqu’il advienne.

  • L’expérience des chantiers en cours sur le reste de la ligne doit alerter le gouvernement quant aux incertitudes techniques du chantier à venir et quant aux risques importants qui en découlent pour la population et le patrimoine. 

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