Faute de réalisation constatée sur le terrain, les bénévoles du GRACQ remettent le couvert avec une seconde action « cyclostrade » le long de la N4. Ils demandent une infrastructure sécurisée sur cet axe structurant reliant Namur et Wavre.

Il y a un an, la Région wallonne promettait la construction d’une cyclostrade – une autoroute vélo – le long de l’axe structurant de la nationale 4 entre Namur, Gembloux, Louvain-La-Neuve et Wavre. Mais sa mise en œuvre se fait attendre, et pendant ce temps des chutes ont lieu, faute d’entretien de la piste existante, très accidentée et peu séparée du trafic automobile.

Les groupes locaux du GRACQ avaient organisé une mobilisation importante en juin 2021 pour encourager l'aménagement de cette cyclostrade. Des promesses s'en étaient suivies, mais un an plus tard on ne voit pas de signe d'avancement et il semblerait que l'étude de faisabilité ait pris du retard. C’est pourquoi les bénévoles du GRACQ ont décidé de remettre le couvert, en réorganisant un convoi et en envoyant un courrier au Ministre de la Mobilité Philippe Henry.

Ce samedi 25 juin, l’édition 2022 a rassemblé une centaine de personnes impatientes d’emprunter l’infrastructure promise. Tout le long de la N4, les un·e·s au départ de Namur et les autres au départ de Wavre, les manifestant·es ont bravé la route faite de nids de poule, piste cyclable interrompue sur de longs tronçons et proximité avec des véhicules roulant jusqu’à 90 km/h... jusqu’au rassemblement à Gembloux. Parmi eux, Diego, 15 ans, et Noé, 13 ans (qui empruntent tous les jours une section de cette route), Auriel, 12 ans, Maximilien et Louane, 7 ans, Alexandre et Gaïa, 5 ans, Joséphine et Félix, 3 ans, et la plus jeune, Anaëlle, 6 mois, attendent qu'on construise pour eux un monde plus sûr.

Corentin, qui est venu avec l'une de ses filles depuis Ottignies, appelle de ses vœux un "corridor vert" entre Namur et Wavre : "c'est un trajet assez fréquenté, et pour l'instant il n'y a rien qui sécurise vraiment le trajet de la N4 pour les cyclistes. Je pense qu'il est vraiment temps de passer à la vitesse supérieure pour encourager un transfert modal vers le vélo. Cette demande ne date pas de l'année dernière, elle est exprimée depuis de nombreuses années et maintenant il est temps d'être entendus et de voir des concrétisations !" Bernard en témoigne : "Pour moi, c'est la continuation d'une lutte de longue date. En 1982, mon amie avait lancé une pétition et récolté une centaine de signatures1 pour une piste cyclable en site propre le long de la N4 - nous allions à vélo à l'école à Louvain-La-Neuve, depuis Bierges, quand deux amies ont évité de peu un accident mortel sur ce trajet. C'est ce qui nous avait fait réagir... La situation n'est pas meilleure 40 ans plus tard."

 

Pour Michaël Pluijgers du GRACQ Gembloux, le contexte actuel (post-covid, réchauffement climatique, inflation des prix des carburants) rend la demande des cyclistes de plus en plus pressante : "Le besoin nous est rappelé régulièrement par les (potentiels) cyclistes, et la mobilisation citoyenne qu’il suscite le démontre". En considérant la densité d'habitat et le faible éloignement des pôles d'activités entre Namur et Wavre, une cyclostrade sur cet axe drainerait rapidement un nombre important de cyclistes. En plus d’être une connexion hautement pertinente entre la capitale wallonne et le chef-lieu du Brabant wallon, ce serait aussi un maillon d’une voie rapide menant les cyclistes vers la capitale du pays. L’essentiel du trafic automobile s’étant déplacé sur l’autoroute E411, qui fait d'une certaine manière doublon avec la N4, la largeur de cette dernière voirie pourrait sans trop de difficultés être réduite. La mise en œuvre rapide d’un aménagement de voies cyclables sécurisées et directes le long de cet axe est donc parfaitement envisageable.

Si la Région wallonne veut rentrer dans les objectifs de la vision FAST (5% de déplacements à vélo en 2030) et de son Plan Air Climat 2030, la mise à disposition d'une alternative à la voiture pour des trajets courts est essentielle. Le Ministre de la Mobilité fait preuve d’ambition, notamment visible avec le processus de subvention de « Communes pilotes Wallonie cyclable », dont font partie toutes les communes situées le long de la N4 entre Namur et Wavre. Il est donc logique que les cyclistes attendent une amélioration concomitante sur les routes régionales. Une action cyclostrade sera-t-elle de mise en 2023 ?

Céline REMY

1 remise à l'époque à Charles Aubecq, bourgmestre de Wavre de 1983 à 2006 et échevin des Travaux avant cela.

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