Alors que l’urbanisme régional avait prié Bruxelles Mobilité de revoir sa copie concernant le projet de réaménagement de Belliard, jugé trop peu ambitieux, c’est bien le projet initial de réaménagement sur 4 bandes qui est aujourd’hui à l’enquête publique. Un projet qui pérennise une situation boiteuse, en dépit d’améliorations indéniables - et qui complique fortement la possibilité de faire évoluer le projet dans un futur proche. 

Le GRACQ s’était réjoui, en mars dernier, du test de circulation sur 3 bandes prévu sur la rue Belliard. Mais celui-ci a finalement été annulé, et c’est donc le projet de réaménagement sur 4 bandes qui revient sur la table. Et le constat est toujours le même : impossible d’obtenir des aménagements satisfaisants pour les piétons et les cyclistes en réallouant l'espace d'une seule bande de trafic. 

Piste cyclable sur la rue Belliard

C’est donc un avis très mitigé que remet le GRACQ.

Les points positifs pour les cyclistes :

  • La pérennisation officielle des pistes cyclables, aujourd’hui en version test.
  • Fini l’aspect "chantier" des new jersey en béton qui protègent la piste : le réaménagement va permettre de donner un aspect plus soigné aux aménagements cyclables.
  • Les travaux vont permettre de prolonger la piste cyclable séparée en direction du Cinquantenaire, de la rue du Remorqueur jusqu’à l’avenue d’Etterbeek. La continuité de l’aménagement sera soulignée par l’utilisation de l’asphalte ocre, cette couleur permettant d’identifier les infrastructures destinées aux cyclistes. 
  • L’ajout d’arceaux vélo (bien que leur nombre et répartition reste encore limitée).

Les points négatifs :

  • Des aménagements qui manquent de cohérence et de continuité
    Le maintien de 4 bandes de circulation ne permet pas de proposer des trottoirs et des pistes cyclables continus. Les aménagements cyclistes et piétons sont étroits, et partagés à certains endroits. Le projet n’apporte pas non plus de solution pour une série d’endroits déjà problématiques dans la situation test actuelle (au niveau de la pompe à essence, de l’ambassade du Japon…).
     
  • Pas de possibilité d’évolution à court terme
    L’ajout de poteaux d’éclairage des deux côtés de la voirie, en bordure de piste cyclable, va considérablement alourdir tout réaménagement futur. Dans la mesure où l’aménagement proposé n’est pas satisfaisant, il est pourtant nécessaire de prévoir la possibilité de le faire évoluer sans avoir à recourir à des travaux lourds et coûteux. 
     
  • Des conflits cyclistes-piétons, qui n’existent pas aujourd’hui
    En dépit d’une opposition unanime de la part des associations d’usagers cyclistes, de piétons et de PMR, il est prévu d’aménager les pistes cyclables à hauteur de trottoir, sans aucune séparation physique. Une configuration tout à fait déconseillée par les experts, d’autant plus au vu des largeurs insuffisantes et du tracé en pente. 
     
  • Une protection minimaliste vis-à-vis du trafic
    Alors que les cyclistes sont aujourd’hui protégés du trafic par des blocs de bétons, les futures  pistes seront simplement rehaussées de 15cm par rapport à la chaussée. Les zones tampons (zone de recul par rapport à la chaussée) seront de 50cm d’un côté et 25cm de l’autre. Les guides recommandent pourtant un minimum de 50cm, et 80cm en présence de poteaux d’éclairage (ce qui est le cas ici).
     
  • Des "fausses largeurs" de piste cyclable
    Alors que le projet annonce des pistes d’1,8m (la norme pour ce type d’aménagement), force est de constater qu’on ne les atteint pas. Les zones tampons étant trop étroites pour contenir les mâts d’éclairage, ceux-ci empièteront tous les 24 mètres sur la piste. Dans les faits, les pistes seront donc réduites à 1,7m d’un côté, et 1,5m de l’autre. 
    Entre la chaussée d’Etterbeek et l’avenue d’Auderghem, la piste mesurera 1,6m. 
Un retour à la situation antérieure n’est clairement pas souhaitable. Mais certains aspects du projet, évoqués ci-dessus, inquiètent fortement. Notre association plaide pour des pistes cyclables à hauteur de la chaussée (et non au niveau du trottoir), mais avec une séparation plus sécurisante vis-à-vis du trafic. Et, dans la mesure où le projet n’est pas satisfaisant et le test de circulation sur 3 bandes jugé prématuré, il est indispensable d’intégrer dans le projet la possibilité de le faire évoluer à court terme, sans recourir à deux reprises à des travaux lourds et coûteux

On ne peut que regretter que ces remarques importantes aient été ignorées lors de la conception du projet. Espérons qu’il en soit tout autrement à l’heure de délivrer le permis d’urbanisme.

Florine CUIGNET

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